Les Vagues de traductions de l'arabe au latin du XIe au Xe siècle
Traductions du XIe siècle : établissement de la doctrine médicale occidentale.
Les principaux centres de traduction se concentrent autour du bassin méditerranéen, lieu favorisant les échanges culturels et commerciaux. La péninsule ibérique et l'Italie du Sud sont des lieux de vie, de rencontres et d'échanges multiculturels où les scientifiques se retrouvent, étudient et font la synthèse des savoirs des cultures grecque, arabe et latine. Cordoue, Séville, Tolède, Salerne et Palerme sont des centres de recherches et de traduction de renom.
Le plus influent traducteur de l'époque est Constantin l'Africain. Ces traductions auront un énorme impact sur la médecine occidentale. Il traduit L'Isagoge, qui semble être le premier texte médical arabe traduit en latin, du médecin Hunayn b. Ishaq, qui offre une classification des différents objets de l’anatomie, de la physiologie, de la pathologie et de la thérapeutique, et le Pantegni écrit par Ali ibn Abbas al-Majusi qui est une encyclopédie médicale. Ces ouvrages remplis d'innovations changent complètement la vision et l'enseignement médical avec la subdivision de la médecine en deux parties : théorie et pratique. L'enseignement universitaire se calqua en partie sur cette répartition. Constantin traduit également les oeuvres de Ishâq b. Sulaymn : al-Isrâ’ili Kitâb al-Hummayât, un traité sur les fièvres et Kitâb al-bawl, un traité sur l'urine; d'Ibn Al Jazzar qui écrivit sur les maladies internes, les maladies dont souffrent les voyageurs ainsi que sur la variole et la rougeole; et d'Ishak Ibn Imran qui écrivit sur la mélancolie et définit les grandes lignes de l'éventail thérapeutique qui s'adresse aux états dépressifs.
Ces premières œuvres traduites de l'arabe furent décisives quant à l'orientation que prendra l'enseignement médical oriental. Néanmoins si l'Isagoge restera dans le programmes universitaires jusqu'à la fin du Moyen Âge, le Pantegni, lui, verra sa popularité décliner au profit d'autres œuvres synthétisant elles aussi les savoirs médicaux comme le Canon d'Avicenne ou le Liber ad Almansorem de Rhazès.
Traductions du XIIe siècle : retour au galénisme.
Au XIIe siècle, les traductions se poursuivent principalement en péninsule ibérique, à Cordoue, et en Sicile à la cour des rois Normands mais c'est à Tolède que s'installe Gérard de Crémone, écrivain et traducteur italien, qui traduit 10 textes de Galien ainsi que le Canon d'Avicenne, qui aura une place prépondérante dans l'enseignement médical jusqu'à la fin du Moyen Âge, le Kitâb al-Mansûri de Rhazès, considéré comme le père de la médecine occidentale, et la partie chirurgicale de l’encyclopédie médicale al-Tasrif de Al-Zahrâri.
Les traductions de Gerard de Crémone jouèrent le rôle qu'avait précédemment tenu le Pantegni, elles servirent de sources d'information dans tous les domaines médicaux et servirent même aux non-médecins.
En terme d'apports scientifique ayant contribué à la médecine, dans le Sud de l'Italie, à la cour du roi Roger II de Sicile, le médecin, géographe et botaniste Al-Idrissi, écrit le Kitab al-Jami-li-Sifat Ashtat al-Nabatat une description de 360 nouvelles plantes, répertoriées et classées, et leurs effets thérapeutiques qui servira aux médecins arabes et occidentaux de l'époque.
Traductions du XIIIe siècle : nouveau lien entre la médecine et la philosophie
Au XIIIe siècle, les facultés de médecine se développent en Europe et la plupart des ces universités comme celle de Paris, Montpellier et Bologne intègrent à leur enseignement les traductions de Constantin et celles de Tolède.
Les traductions se font plus rares, néanmoins le Colliget d'Averroes est traduit et des désaccords se créent entre la vision de la médecine et de la philosophie d'Avarroes et celle d'Avicenne, opposant galénisme et aristotélisme.
Dans les dernières traductions effectuées, ont peut relever l'oeuvre de Mésué qui apporta de nombreuse connaissances dans le domaine de la pharmacopée.